mercredi 18 juin 2008

Sonia Chiambretto à la Villette, suite

(et devinez qui a oublié de prendre son appareil-photo hier soir : dommage, vous ne verrez pas les fauteuils rouges, translucides, incurvés, ultra design de la Folie Inventaire / Invention qui auraient fait chic aux côtés de ceux de l'auditorium de Marseille !)

Il y a deux femmes de ma génération qui écrivent et dont l'univers m'est particulièrement proche : Sereine Berlottier et Sonia Chiambretto. J'avais déjà entendu Sereine lire (et de quelle façon) un extrait de Nu précipité dans le vide au centre Georges Pompidou, lors d'une rencontre à l'automne dernier.

Sonia Chiambretto
, elle, était venue à la bibliothèque Fessart à l'invitation d'un atelier de lecture Inventaire / Invention l'an passé, comme je l'ai déjà dit ici. C'était quasiment la première fois qu'elle lisait en public, en fait, ce dont je ne me souvenais pas.

Nous l'avons retrouvée à La Villette hier soir, lisant des extraits de sa trilogie : Chto (surtout), Douze soeurs slovaques et Mon képi blanc. Elle lisait sans micro, comme la première fois, debout devant nous, livre en main. Plus assurée qu'à Fessart, et très subtile à la fois. Quand je pense qu'elle avait peur de nous ennuyer...

Sonia écrit pour les invisibles, dit-elle.



10 commentaires:

  1. il y a dans ces lectures quelque chose de tellement différent de ce qu'était un auteur il y a seulement dix ans que nous en sommes, nous autres, simples lecteurs, enfin j'en suis un peu déstabilisé (dans tous les cas, il faut bien dire aussi que cette déstabilisation n'a à voir qu'avec les fantasmes dont la vie n'est que le reflet, bon passons); est-ce que c'est une nouvelle façon de faire parvenir aux autres les textes ? (qui sont ces "autres" ?) quel est ce monde (plus ou moins) nouveau que nous sommes en train de réaliser ? il y a quelque chose, là, que je voudrais bien regarder de plus près...
    PdB

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  2. Bonjour PdB,
    A vrai dire je ne sais pas quelle image j'avais moi-même d'un auteur il y a dix ans... un invisible ? Au contraire, quelqu'un qui passait à Apostrophes ? Dans la petite enfance, je pensais : celui qui écrit est libre.
    En ce qui concerne la lecture en public, ce que je pourrais dire c'est que celle de Marseille m'a permis de me réapproprier le texte (j'ai écrit les Fenêtres il y a plusieurs années). Ca permet en particulier de transmettre le rythme même de l'écriture, la façon dont on a entendu son texte en l'écrivant (je ne sais pas pour les autres, mais moi j'"entends" ce que j'écris de façon très précise) ; la façon dont on s'est inscrit soi-même dans le texte...
    enfin voilà

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  3. oui, voilà, je comprends bien ce que vous dites;
    le fait de le dire aussi : il y a sans doute à aussi quelque chose - je parlais plus de cette proposition en vérité : comment vous est-elle venue ? (matériellement vous comprenez, votre éditeur vous en a-t-il parlé )
    c'est bizarre les heures qui arrivent sur les messages qu'on laisse, non ?
    c'est empirique comme réalisation, ces questions, mais ça peut déboucher sur le statut de l'auteur (ce que vous êtes : on en parle quand vous voulez)
    PdB (je fais "anonyme" parce que le référencement m'indispose)

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  4. Pour l'heure, c'est tout simple : quand j'ai créé mon blog, Blogger l'a mis d'office à "l'heure avancée du Pacifique" : ça m'a fait rire, j'ai laissé comme ça.
    Sinon, en ce qui concerne la lecture : oui, c'est une proposition de mon éditeur. Dès le départ (au moment de la publication) il m'avait parlé de cette possibilité, et j'avais accepté à l'avance. C'est important que le texte vive, s'inscrive dans un nouveau lieu, résonne ailleurs. Ca aide, aussi, à ne pas devenir dingue devant son écran, uniquement absorbé par son propre univers.
    Et puis c'était une lecture avec musique : ça porte, c'est génial...
    Quant au "statut d'auteur", je pense qu'il y a un moment où on se l'accorde ou non et que ce n'est pas simple, ni dans un cas ni dans l'autre. Mais bon...

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  5. c'est compliqué tout ça
    auteur acteur au fond
    c'est intéressant, cette manière (plutôt nouvelle, je en sais pas, faudrait regarder) de donner son corps à voir parlant alors que la lecture, ce n'est pas exactement ce type de disposition, disons ? Mais il y a je crois surtout ce fait parallèle du numérique et de cette "obligation" "demande" "faveur" et cette acceptation de vous de cette lecture... pour que le texte vive, dites-vous, oui, voilà sans doute la raison : vit-il moins à l'écran qu'en livre ? est-ce que ces interrogations sont intéressantes ou juste un peu concons ? je me demande, mais la "liberté" vous vous souvenez, à quel prix ? ou a quel prix ? c'est peut-être une voix de compréhension de nous-mêmes, agissant sur la toile réseau net web truc non ? ou un avatar au fond vrai de ce que nous serions ou sommes... ? en même temps, en parler avec vous, c'est un peu disproportionné, ou différent, il n'y a que vous qui agissiez, en fait...

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  6. hum, difficile de répondre comme ça, surtout que les interrogations sont multiples...
    déjà, je rapprocherai plutôt l'auteur qui lit son texte à voix haute du chanteur : on est dans le son, dans le rythme davantage que dans l'interprétation (d'ailleurs je ne suis pas toujours très fan des lectures faites par des acteurs, pour tout dire : c'est plus confortable à l'écoute, souvent, mais on vous prend par la main pour vous entraîner quelque part ; c'est plus charmant mais moins juste - enfin ça dépend aussi de l'auteur qui lit, bien sûr).
    La réaction de mon éditeur en entendant la lecture : avait "entendu" le texte comme ça la première fois qu'il l'avait lu - une preuve, me semble-t-il, de notre accord tacite.
    Aussi : j'ai entendu mon texte massacré, quelques mois plus tôt, par des lycéens d'un club de théâtre. C'est tout bête mais du coup j'ai eu envie de prendre leur place !
    Quant au corps qu'on expose, bah... je ne sais pas trop quoi dire. Ce qui est compliqué pour moi (pour vous répondre) c'est que les auteurs que j'ai vus lire étaient toujours des auteurs avec lesquels je me sentais en résonance : je vais les voir lire en tant que lectrice, mais aussi parce que j'écris - pour continuer à me sentir "sonner juste" par rapport à eux, si l'on veut.
    Et puis sinon, bon, j'"agis" peut-être mais depuis si peu de temps que je ne peux pas développer davantage, je n'ai pas assez d'expérience : à Marseille, j'étais déjà contente d'avoir lu comme j'avais imaginé le faire.
    Là, en l'occurrence, le numérique n'avait pas à voir, j'ai juste rapporté quelques bribes sur mon blog. Comme vous le voyez, je fais toujours court ici : ce n'est pas vraiment là que j'écris, c'est simplement un prolongement de ce qui est déjà écrit. Quand j'écris un livre, je peux parfois penser numérique, hypertexte, etc. Mais je ne ferai jamais lire avant que ce soit fini (et assez longtemps après). Donc, jamais écrire, ni faire lire, dans l'immédiateté que permet l'écran. Enfin pour l'instant. Il faut une vraie nécessité d'écriture (comme le Tumulte de François Bon, par exemple) pour combiner les deux, je crois.
    Maintenant savoir où le texte vit le plus, le mieux... Tout ce que je peux dire c'est que j'ai téléchargé le très beau Ferroviaires de Sereine Berlottier sur publie.net, et que le fichier reçu est aussi important à mes yeux que ses deux livres "papier". Même affectivement : je suis tellement contente que ce texte me soit parvenu - s'il avait fallu attendre la publication papier...

    pas sûre d'avoir répondue à vos interrogations
    ???

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  7. c'est gentil de votre part de répondre à mes élucubrations...
    c'est la lecture par l'auteur qui est au milieu de l'objet : par des acteurs, c'est autre chose, ils ont l'habitude, c'est leur profession que la "montre" - c'était mon prof de quoi, déjà ? je ne sais plus mais il était à Nanterre qui nous parlait de cette "montre"-là, le fait de "se montrer" pour faire simple; mais pour vous, auteurs et écrivains, ce n'est pas votre métier : alors je sais bien qu'on aime ici les étiquettes, et dire "unetelle écrit, qu'est-ce qu'elle va faire l'actrice- ou la lectrice : mais ce n'est pas un boulot de lectrice, au fond, il y a de la mise en scène, et des sons, et ça, ça fait penser au "numérique" ou au blog... Je ne sais pas, je mène l'enquête... dans le même temps, laisser passer un long temps avant d'entendre ou de faire entendre le texte a quelque chose aussi de contradictoire avec la presque immédiateté des blogs et autres mails machins TIC etc...

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  8. je comprends mieux : c'est tout ce qui "entoure" le texte, sur la scène comme sur l'écran, qui vous pose question, c'est ça ?

    pour tout dire, j'ai été choriste dans un groupe de rock dans une autre vie, avec quelques concerts à la clef : eh bien je me suis sentie beaucoup moins exposée l'autre jour avec seulement Jean-Marc à mes côtés que lorsque j'étais fondue dans la masse (on était huit) mais que je ne me sentais pas vraiment en accord avec les morceaux à chanter

    comme quoi...

    (quant au "métier d'écrire" : ce qu'écrivent beaucoup de gens aujourd'hui mord sur plusieurs genres : ça me paraît assez logique qu'ils soient eux-mêmes "trans genres" dans leurs pratiques)

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  9. oui, voilà, encore que pose question, je ne suis pas sûr, j'observe plutôt, je dirais... mais la profession, ça oui, j'aime : le métier, vos guillemets parce que vous -ou on....?- ne le faites pas à plein temps ? mais les prolégomènes de ce que vous appelez "une autre" vie -là, c'est moi les guillemets, vous avez vu ? -avec ces passages sur scène vous ont aussi permis de savoir ce que c'était même s'il se trouve que ça se passait dans d'autres circonstances et surtout conditions. C'est intéressant aussi, ça : vous connaissez le notulographe ? lui aussi, "dans une autre vie" faisait du rock'n'roll sans doute dans les mêmes années 70 je suppose, je ne sais pas bien... Ecriture, chanson, ça a quelque chose à voir, et moi j'adore ça, la chanson... (en ce moment, "la chansonnette" par yves montand tourne en boucle, et vraiment j'adore la distance l'ironie du texte (un bout c'est "à presley fait du tort car tous les transistors, soudain s'arrêtent"... magnifique enfin moi je trouve ça magnifique (ma famille, nettement moins...) PdB

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  10. cher PdB,

    suis en bouclage, ne peux donc pas répondre plus longuement pour l'instant (mais avec le mot "bouclage", vous voyez sans doute où est mon "autre vie", l'alimentaire...)

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