jeudi 27 octobre 2011

Nox / 3

"J'ai refermé la porte, j'ai éteint ma lampe de poche, je me suis assise sur la marche de l'escalier. J'ai distrait un chagrin d'enfant qui subsistera dans ma peau. Je me suis élancée avec les rails s'échappant des villes et des gares. Le rail est le chemin le plus concentré, le plus dépouillé. J'ai marché sur un rail pour ressembler au funambule dont la promenade est arrêt de vie et arrêt de mort. J'ai eu la nostalgie du balancier qui est la chose la plus humaine dans le monde de l'acrobatie. Quand je faisais dix pas convenables sur la rigidité, j'avais une conscience d'acier. Je marchais là-dessus comme un héros qui va droit avec son avion."

Violette Leduc, Je hais les dormeurs, éditions du Chemin de fer, pages 44-47.

mercredi 26 octobre 2011

Glacière, d'un blog à l'autre

Voici donc le résultat de la balade d'hier : Glacière dans la ville haute.
Merci à tous ceux qui ont suivi le trajet ligne 2, puis ligne 6 : j'ai été très accompagnée, sans le savoir...
Après-midi particulier, dont voici encore quelques photographies :




























parce que cette ville haute, c'est à nouveau une déambulation































parce que l'outil oeil / voix / main / pieds qui marchent
















n'exige rien

mardi 25 octobre 2011

Le sens du mot

Notes prises sur les lignes 2, puis 6, en allant à Glacière faire des photos pour la ville haute.















Il a raison quand il me dit : tu n'as rien à perdre, c'est pourquoi tu es libre d'aller aussi loin que tu veux. Il faut donc expérimenter.

j'aime que cette femme porte des collants rose, un rose soutenu, presque rouge, et une robe à fleurs, je voudrais le courage de m'habiller ainsi

                                   le métro traîne juste avant d'arriver à Nation, s'arrête même
                                   cela ne me gêne pas, j'ai le temps
                                   et je sais pourquoi il s'arrête : Nation est un garage, je m'affole
                                   d'autant moins

Cette liberté je m'en sers aujourd'hui pour faire des photos à Glacière.
Est-ce le fruit de ma liberté, je suis la seule dans le wagon à réveiller la femme qui dort, à lui éviter de reprendre la ligne en boucle ?

changer de ligne, passer de la 2 à la 6, éternelle histoire des deux aériennes

Je n'ai rien à perdre, ni poste ni statut ni presque argent, n'ai rien de tout cela, ai le soutien qui porte, le métro se soulève, Picpus, non, Bel Air.

pensée pour ma soeur

Le métro sous terre à nouveau. Ce qu'il faut c'est carnet stylo, la base en cas de panne, puis tous les outils de connexion. A vingt ans, ma rencontre avec la liberté a été formidable est-il écrit dans le wagon. Qui est concerné ?

Dugommier affiches lacérées
voudrais-je être à la place de ceux dans le wagon ? 
la femme à fleurs n'y est plus

                                       (parfois être n'importe qui d'autre
                                        sauter dans les corps)

Bercy, ciel noir et brusque averse, de la grêle tandis qu'on passe la Seine. Bruissement continu des verrières. Le métro à Quai de la gare s'arrête.














Gris foncé du pays, Paris 13, Chevaleret. Le métro tremble. Tu voudrais vivre dans ces tours ? Non. (au retour, une voisine engagera la conversation là-dessus : le vertige à vivre dans les tours du quartier).

Where is my umbrella ? demande une affiche du wagon
deux vieilles dames abritées

Place d'Italie. Visages fatigués, ne veux pas sauter dans vos corps, non, y trouverais la même chose.

Je réfléchis pour savoir si je lance mon projet de Décor Lafayette X 100 sur "Fenêtres" (une idée que je viens d'avoir et stocke sur ces pages en brouillon, pour l'instant). C'est prêt. 

Il pleuvra donc sur mes photos.















Soleil revenu, j'entre dans la bibliothèque de la rue de la Glacière, bâtiment très en contrebas que j'avais mentionné dans Franck (mais je ne sais plus si j'ai gardé le passage). 
Sans cette liberté, je n'y serais sans doute jamais venue. Ses proportions, la disposition des pièces me plaisent tout de suite. Je m'assieds dans un fauteuil rouge. Tout me va, néons comme rayons obliques sur le mur.

Qui m'empêchera d'être là ? Personne.

samedi 22 octobre 2011

Nox / 2

Sur l'écran (de télévision, une fois n'est pas coutume) durant la nuit ce qu'on voit c'est un homme qui jette sa femme du troisième étage, la pousse par le velux, la suite est pire je vous l'épargne. Jalousie ou argent, thématiques récurrentes, un autre embauche un tueur pour dézinguer l'épouse, force musique, bien sûr, zooms avant sur les lieux, crime raté je préfère m'abstraire et ne pas dire en quoi il est très réussi quand même. Un de seize ans arnaque sur les sites de rencontres, lisse les billets devant la caméra. Des heures, ensuite, sur la prostitution, maisons closes légales (nous sommes en Australie) et comment dépenser une année de salaire pour trois jours de mariage (deux Français dans un riad au Maroc). Tout cela hors fiction, bien réel n'est-ce pas, et tout cela histoires déversées par le tube. 

Enfin, à un moment, il se passe quelque chose. Les prostituées australiennes se regroupent dans le local d'une association qui leur vient en défense. Elles prennent un café, parlent. La table rectangulaire, leurs âges différents, les tasses, le soleil par la vitre : ce qu'il y a à sauver de la nuit.

mardi 18 octobre 2011

dans le décor

Tout cela














ne s'y trouve pas
























pas vraiment, du moins














ou a disparu.














Décor Lafayette est bouclé et il est en lecture. En attendant, ces photos, prises parfois il y a des mois, peuvent bien apparaître, ça ne changera plus rien : elles ne sont pas dans le livre (hum, disons : sauf une).

dimanche 16 octobre 2011

Nox



















Ce n'est pas encore la couverture du recueil, plutôt un flyer, avec le titre et la date d'une fête à venir.
Le lieu n'est pas précisé - mais je n'aurai pas loin à aller. 
Date de parution inconnue - bientôt, bientôt.
Tapage nocturne, recueil de nouvelles, à paraître aux éditions Antidata.
En attendant, le 3 novembre à Montreuil (parce que j'y suis toujours), je lirai mon texte, intitulé Tu n'es jamais seul/e dans la nuit, et projetterai pour l'occasion un diaporama de photos.
Ce titre n'est pas de moi. C'est une phrase, écrite au masculin seulement, par le peintre Paul Bloas à la fin de la vidéo ci-dessous : 


Ligne de Front - Paul Bloas et Serge Teyssot-Gay par paulbloas
(nox en clin d'oeil à Antoine)

dimanche 9 octobre 2011

des lis et des roses















ce n'est pas pour ça qu'on écrit
mais quand on revient des lis et des roses dans les mains
quelque chose nous porte

il faudrait toujours marcher un bouquet de lis et de roses dans les mains
droit devant

samedi 8 octobre 2011

Décor Lafayette, première lecture

Pour commencer, ce titre est faux : j'ai déjà effectué une première lecture de Décor Lafayette en septembre, mais c'était uniquement pour les bibliothécaires de Montreuil. Cette fois, qui veut vient. Cela se passera à partir de 15h, à la bibliothèque Colonel Fabien de Montreuil, 118 avenue du Colonel Fabien. Pour s'y rendre, prendre le métro ligne 9, s'arrêter à la station Mairie de Montreuil, regarder la mairie, aviser sur la droite le café ci-dessous














passer devant, monter dans le bus 129, descendre à la station Boissière, repérer la boulangerie (on découvre aussi cette cheminée décorée comme un château d'eau, prise en photo la dernière fois)


















et voilà.


(ouvrir la porte et derrière la vitre charmant oloé)
De 15h à 16h30 environ, se passera ceci : d'abord, Jocelyn présentera un peu mon travail, lira un extrait de Franck. Puis j'expliquerai ce que je fabrique depuis tous ces mois, avant de lire le début de Décor Lafayette, texte en cours, bientôt terminé je l'espère.
Ensuite tarte Tatin, paraît-il...

vendredi 7 octobre 2011

Oloé champêtre, de Christopher Selac

Christopher Selac m'a proposé, en ce jour de vases communicants, de partir en campagne chercher un oloé. Voici le résultat de cette quête : la sienne ci-dessous, la mienne sur son blog. Merci à lui, ainsi qu'à Brigitte Celerier pour la recension des textes du mois (nous sommes particulièrement nombreux cette fois-ci !). Bonne lecture.

*


Oubliés les quatre murs qui vous étreignent, les doubles vitrages sur la façade d’en face, les sonneries de téléphone à tout bout de champ, les collègues bruyants qui parlent, l’air artificiel de la climatisation, les réunions stériles, les embouteillages, les bousculades dans le métro, les files interminables aux caisses des supermarchés, la publicité partout, à la radio, dans les journaux, sur les affiches, à la télévision.
Prenons la route. Dix minutes, pas plus, à remonter la rivière le long de la départementale. A gauche, là, le passage à niveau, le pont presque trop étroit pour la voiture, même petite, et ses rambardes de fer riveté, rouillées jusqu’à l’âme, qui inquiètes regardent le lit caillouteux du contrebas. Encore une centaine de mètres et à droite, quitter l’asphalte pour la pierre blanche, longer le pré jusqu’à ce que la route devienne herbe, obliquer sous les arbres.
Sortir, respirer à pleins poumons. Balayer du regard le paysage, par tous ses points cardinaux, et n’y voir que de la verdure, les habitations, la civilisation moderne, cachée par les arbres au loin. Juste, par ci, par là, les agrès d’un parcours de santé peu fréquenté, certains ceinturés d’orties pour éloigner les bonnes intentions des promeneurs, rares.
Y poser sa table, une chaise. S’asseoir et lire, s’asseoir et écrire, près de l’eau qui coule tranquillement, sous les feuilles du chêne qui chantent au vent. Mettre le temps entre parenthèse, être sur chaque branche, derrière chaque brin d’herbe, sous chaque rocher, sur chaque molécule d’air, et y puiser la force, lente et inébranlable, de cet espace que rien ou presque ne vient troubler, où règne une harmonie rare.
Il y aura bien un train, passant à vive allure au cœur de la forêt de sapins, sur l’autre rive, une voiture passant plus loin, pour rappeler qu’ici rien n’échappe longtemps à l’homme, pour rappeler la beauté d’un lieu pourtant peu remarquable au premier abord. Un hennissement des chevaux alentours, des chèvres qui viennent boire à la rivière, et au bout de son bâton, Christian.
Le chevrier est à l’image du lieu : il incarne la joie de ces bonheurs simples, lui qui a abandonné une vie d’architecte dans une grande métropole pour se retirer ici, vivre son rêve, élever ses chèvres, faire son fromage, prendre soin de ses chevaux, de ses abeilles, reconstruire une maison en ruine, juste sur le plateau, plus haut, avec vue sur la vallée, refuser autant que possible la société de consommation, au point parfois de porter ses t-shirts jusqu’à ce qu’ils comportent plus de trous que de tissu.
Lui, volubile et bon vivant, lui, dont l’embonpoint se nourrit de sa gourmandise, fera peut-être la sieste dans l’herbe, aujourd’hui, au milieu de ses animaux qui errent en liberté sur la prairie.
Quant à moi, ici, je lirai, ici, j’écrirai, même sous la pluie, à l’abri de l’arbre, un œil distrait sur la canne à pêche que j’aurai peut-être tendue sur le fil de l’eau, jusqu’à ce qu’il soit l’heure d’aller à l’école chercher les enfants. Jusqu’à ne plus savoir si le retour au quotidien est une parenthèse que l’on referme ou, au contraire, une parenthèse qui s’ouvre avec l’envie de vite la clore.

lundi 3 octobre 2011

Nuit

qu'il faut taire














qu'il faut laisser filer














qu'on étouffe














qui prolonge














aide














aime


















développe














inaugure














réinvente


















écho de ce qui en nous est de rue.















Photographies extraites (sauf une) d'un diaporama destiné à accompagner la lecture de "Tu n'es jamais seul/e dans la nuit" le 3 novembre prochain à Montreuil.
Texte court à paraître aux éditions Antidata.