l'horloge de la gare de Chartres

l'horloge de la gare de Chartres

mercredi 22 décembre 2010

D'ici là subjugue

Le sixième numéro de la revue d'ici là, éditée par publie.net et dirigée par Pierre Ménard, est paru hier. Son thème : L'immobilité de celui qui écrit met le monde en mouvement.

Je l'écoute, la regarde en écrivant ce post (quoi, ce n'est pas possible ?) et subis une sorte de fascination. C'est le cas à chaque fois mais peut-être plus encore aujourd'hui. Est-ce parce qu'elle change de rythme de croisière pour ne plus paraître que deux fois par an ? Je ne pense pas : elle est précieuse quoi qu'il arrive. Mais raison de plus de la lire longuement, d'y revenir.

Comme les cinquante-deux autres auteurs, j'en suis sûre, je me sens on ne peut plus fière de participer à cette aventure qui (me) secoue, percute.

(pour découvrir comment elle est conçue et réalisée, un tour sur Liminaire s'impose)

lundi 20 décembre 2010

Fenêtre du Luberon














Un endroit où lire où écrire ? On peut en rêver en tout cas (beau silence, paraît-il), surtout au moment de boucler ces Oloé prévus pour février 2011, livre à paraître chez D-Fiction qui regroupera les textes parus sur mélico et des inédits.
Merci à Alain Pierrot, fidèle pourvoyeur de fenêtres.

samedi 18 décembre 2010

Loos, y aller














Entre Loos et Lille, lus à haute voix et photographiés ces jours-ci dans la ville haute, j'insère ici d'autres fichiers son, enregistrements pris sur place, sans montage, point de passage d'un blog à l'autre.
Les voici :

partir de Lille
marcher
marcher encore
franchir le pont de l'autoroute

vendredi 17 décembre 2010

16h58














Au dehors, au-delà, vous êtes accompagné, vous le savez.
Vous savez pourquoi vous êtes venu.
Vous pensez simplement : ne pas trahir.
(ne pas se laisser déborder non plus)
Vous ne savez plus si vous préféreriez être ailleurs.
Vous savez ce que vous voulez dire, essayez d'anticiper ce qui échappera, ce qui se formera dans la pensée à un moment ou à un autre lors de l'entretien, n'avait jamais été pensé (il y aura quelque chose, en effet, vous ne saurez plus quoi, ne le chercherez pas)
(vous ne réécouterez pas, de toute façon)
En avant.

Du jour au lendemain, Franck sur France Culture (avec détour ligne 2 par Fenêtres / Open space) ce sera le 12 janvier prochain. Voici le lien vers la présentation de l'émission.
Grand merci à ceux de 17 heures et à Alain Veinstein pour l'invitation, le regard, l'écoute.

mardi 14 décembre 2010

Il y a

un homme qui traverse les villes
noue entre eux les quartiers par lignes de tension
six cordes
pose les armes à plat







dimanche 12 décembre 2010

dans le décor

Ca fait joli, dans le décor, d'avouer que parfois on écoute à fond les vieux tubes de Blondie, Atomic en particulier, qu'on chante en même temps et qu'on a même fait partie du fan-club international de cette chanson, rien qu'elle, en 2000, sur internet (unique membre français du groupe) ?

qu'on a été blonde platine, d'ailleurs, à une époque

de dire qu'on a vu Les Demoiselles de Rochefort une bonne trentaine de fois et que la phrase qu'on préfère, dans le film, est la question de Solange à Delphine à propos de leurs robes de scène : Tu n'as pas peur qu'on fasse un peu putes ?

que par ailleurs non, rien à faire, Une chambre en ville, non

que Tennessee Williams, d'accord, mais Brando, son tee-shirt déchiré (Stanley Kowalski, survivor of the stone age : la bande-annonce ci-dessous annonce allègrement la couleur) et Newman, sa jambe dans le plâtre, surtout, en réalité...

Oui, non, peut-être ?
Peu importe. Dans le décor on trouve, donc :

(le vrai clip est ici, mais on ne peut pas intégrer le code)










et pas uniquement, même s'ils ont beaucoup compté, Rimbaud, Verlaine, Genet dont je suis allée parler à une classe de seconde de Montreuil la semaine dernière pour leur raconter mon "parcours".

mercredi 8 décembre 2010

Fenêtres de Maryse Hache, écume de Marcel Proust

Une photographie, que je garde précieusement, un twit rappelant que je les aime, les fenêtres, et voilà que Maryse Hache m'offre une collection de lucarnes, de croisées, de marquises. Merci beaucoup, Maryse.

En retour, cet extrait des Jeunes filles, peut-être ?

"J'entrai dans ma chambre. Au fur et à mesure que la saison s'avança, changea le tableau que j'y trouvais dans la fenêtre. D'abord il faisait grand jour, et sombre seulement s'il faisait mauvais temps ; alors, dans le verre glauque et qu'elle boursouflait de ses vagues rondes, la mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d'un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d'une immobile écume linéamentée avec la délicatesse d'une plume ou d'un duvet dessinés par Pisanello, et fixés par cet émail blanc, inaltérable et crémeux qui figure une couche de neige dans les verreries de Gallé."

Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs.

jeudi 2 décembre 2010

Un samedi à Sciences Po

Samedi prochain, de 14 heures à 18 heures, passez donc me voir : je serai à Sciences Po, qui organise une journée de dédicaces dont voici le programme. L'équipe des Papous dans la tête sera présente, qu'on se le dise...

(et en attendant, le samedi matin, pourquoi ne pas faire un tour dans la ville haute : à huit heures, la version audio de Franck tournera la page 100, figurez-vous)

Encore une petite chose : guettez ce site demain. Il appartiendra pour la journée à Piero Cohen Hadria. Il y sera question, en filigrane, d'un certain bureau. Pour l'heure, en voici un autre.

mercredi 1 décembre 2010

De Belleville à Jaurès, texte de Piero Cohen Hadria

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin

De venir dans ma chambre un peu chaque matin…

Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère

Elle entrait et disait « Bonjour mon petit père… »

Lorsque je me promenais avec elle sur le boulevard, les matins entre sept et huit, nous avions coutume d’évoquer le passé, de tenter de saisir l’avenir. Nous allions d’un pas lent l’été, elle portait des sandales rouges, parfois des shorts (« à ton âge, enfin… ! »), et fumait de petits cigarillos un peu tores.

Longtemps sa vie avait été d’employée, à la RATP elle poinçonnait les tickets. C’est à la République qu’elle travaillait. A la nuit, vers deux heures, à pied elle remontait le faubourg. Elle vivait dans la cour nommée « A la Grâce de Dieu » et elle me le disait en riant (c’est au 139 je crois).

Nous marchions, doublant le vieux lycée professionnel,






le boulevard encombré le mercredi des marchés, ses arbres et son air frais, les voitures qui klaxonnent, les camions qui déchargent des cageots de salades, de fruits et de poissons : nous y verrions, vers deux heures, des glaneurs s’il se pouvait, comme au si beau film d’Agnès Varda.

Ici une femme l’année dernière, s’est jetée du troisième, morte de ne pas avoir de papier.








Chinoise.

L’hiver, il faisait nuit, nous avions rendez-vous au métro, elle venait, ses cheveux blancs et son manteau de cachemire gris, sa casquette parfois sous la neige, on ne se serrait pas la main, on ne s’embrassait pas, on partait, marchant doucement alors que le monde se hâtait. « Ma mère à boire » disait-elle en riant, et comme je la regardais, sans comprendre, elle souriait, énigmatique et portait au loin le regard, au loin vers l’ouest, loin , si loin.

Au printemps, le soleil pointait derrière nous, le métro qui sortait,










le boulevard restait un peu tel qu’en lui-même. Lorsqu’en quatre vingt quinze, je conduisais à pied les enfants à l’école, je la retrouvais vers neuf heures assise à la terrasse, le café boulangerie de la place toujours à l’ombre, elle regardait le monde, les voitures à l’arrêt, les cris parfois, les gens, la neige parfois et elle, son cigarillo aux lèvres, ou debout, petite calme et droite, les yeux un peu tristes ou alors ce n’était que le vent (le vent).

Nous prenions un café, elle y versait trois gouttes de lait, disait trois mots en vietnamien au type derrière le bar qui lui répondait en riant. Un jour, elle m’avait raconté ses vingt ans, le Tonkin, puis en 49, Madagascar, et Blida, la Mitidja. Elle me parlait de son asthme, de la cortisone prescrite, de ce qu’elle refusait de prendre des calmants pour dormir, non, pas ça…et finissait par « ce que j’aurais voulu, tu vois, ça aurait été de voir New-York, mais à présent… ».

Nous descendions vers Jaurès. A droite, au fond de l’ex-avenue d’Allemagne, se terre le parc et les villes invisibles.










Nous revenions vers l’est, c’était voilà près de dix ans, et la veille de l’écroulement des tours jumelles de New-York, elle a passé l’arme à gauche. Ce n’était pas ma mère, ni même ma soeur, ni quelqu’un des miens. C’était un fantôme, une vieille femme, une idée de la fiction, elle sortait d’un film de Fellini mais n’en avait ni la voix éraillée ni la poitrine accorte, elle venait d’un poème de Robert Desnos « là bas où le destin de notre peuple saigne », quelque chose qui passe et qui erre, peut-être une mémoire, un oubli. Quelque chose de l’humanité, rien à voir avec les bons sentiments, tout ce que la vie peut avoir de tranquille et de sûre, non, rien de tout ça, plutôt ce qu’elle recèle d’horreurs, de turpitudes, de tristesses et de morts. Mais elle, là, marchant près de moi, m’effleurant, une ombre, quelque chose ou quelqu’un, je ne sais pas bien, un peu toujours présente, pas même une amie mais une sorte de présence qui chemine à mon côté, qui ne se lasse pas et ne se laisse pas oublier.

Pas une mère, ni une soeur. Juste quelqu’un des miens.










Texte écrit dans le cadre des Vases communicants par Piero Cohen Hadria, qui, de son côté, m'accueille sur le site Pendant le week-end. Pour cette échange, nous nous sommes donné deux contraintes : remonter, chacun dans un sens, le boulevard de la Villette (de Belleville à Jaurès pour lui, de Jaurès à Belleville pour moi) et utiliser cinq cinq mots/expressions/noms liés à ce capharnaüm qu'est parfois mon bureau.

Les autres participants :

Daniel Bourrion http://www.face-terres.fr/ et Urbain trop urbain http://www.urbain-trop-urbain.fr/

François Bon http://www.tierslivre.net/ et Michel Volkovitch http://www.volkovitch.com/

Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/ce-qu-ils-disent-c138976 et Kouki Rossi http://koukistories.blogspot.com/

Anthony Poiraudeau http://futilesetgraves.blogspot.com/ et Clara Lamireau http://runningnewb.wordpress.com/

Samuel Dixneuf-Mocozet http://samdixneuf.wordpress.com/ et Jérémie Szpirzglas http://www.inacheve.net/

Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/ et Christophe Grossi http://kwakizbak.over-blog.com/

Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/ et Jean Prod'hom http://www.lesmarges.net/

Lambert Savigneux http://aloredelam.com/ et Silence http://flaneriequotidienne.wordpress.com/

Olivier Guéry http://soubresauts.net/drupal/ et Joachim Séné http://joachimsene.fr/txt/

Maryse Hache http://semenoir.typepad.fr/ et Cécile Portier http://petiteracine.over-blog.com/

Anita Navarrete Berbel http://sauvageana.blogspot.com/ et Landry Jutier http://landryjutier.wordpress.com/

Feuilly http://feuilly.hautetfort.com/ et Bertrand Redonnet http://lexildesmots.hautetfort.com/

Arnaud Maïsetti http://www.arnaudmaisetti.net/spip et KMS http://kmskma.free.fr/

Starsky http://www.starsky.fr/ et Random Songs http://randomsongs.org/

Laure Morali http://lauremorali.blogspot.com/ et Michèle Dujardin http://abadon.fr/

Florence Trocmé http://poezibao.typepad.com/ et Laurent Margantin http://www.oeuvresouvertes.net/

Isabelle Buterlin http://yzabel2046.blogspot.com/ et Jean Yves Fick http://jeanyvesfick.wordpress.com/

Barbara Albeck http://barbara-albeck.over-blog.com/ et Jean http://souriredureste.blogspot.com/

Kathie Durand http://www.minetteaferraille.net/ et Nolwenn Euzen http://nolwenn.euzen.over-blog.com/

Juliette Mezenc http://juliette.mezenc.over-blog.com/ et Loran Bart http://noteseparses.wordpress.com/

Shot by both sides http://www.shotbybothsides.org/ et Playlist Society http://www.playlistsociety.fr/

Gilles Bertin http://www.lignesdevie.com/ et Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com/